Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
res.in
3 décembre 2008

Vers une fiction cartographique - Tentative de construction de situations psychogéographiques

  1-RESPIRATIONS

Une inspiration. Deux inspirations. Entre temps une expiration. Comme lorsque l'on sait qu'une situation va se produire. Une inspiration, une expiration, une inspiration et trois battements de coeur. Les yeux s'ouvrent et on ne pense plus aux inspirations.
On voit.
Un battement de cils, puis un deuxième, un troisième. On continue de voir, les yeux se ferment un peu plus, la lumière est forte, puis l'on regarde. Et quand on regarde on ne pense plus aux battements des cils. La situation est toujours là, on la sent attendre le bon moment, et on la sent physiquement aussi lorsque l'on pense un soupir. Parce qu'elle prend les poumons.
Et on se souvient qu'une fois on a pensé nos respirations -silence-.
Vient comme un murmure. On s'apprête à voir alors que ce sont les battements du coeur qu'il faudrait écouter. Silence. Ce n'est pas la bouche qui parle c'est la tête. La bouche ça vient plus tard. Lorsque le ventre repu, on comprend que l'on aurait mieux fait de donner un baiser avec.
La tête est bavarde, bien plus que la bouche en tout cas.
Des taches, des formes, puis un visage dont les traits sont déterminés par notre propre pulsation sanguine.

-"Je le sais, nos gorges tremblent de la même façon!"

Une inspiration, une expiration, une respiration bruyante et huit battements de coeur.
Un liquide chaud, à la température du corps au moins. N'importe lequel. On transpire, on bave, on vomit, on pisse, on pleure, on saigne ou on jouit. Encore des battements de coeur.
Silence.
Le visage est connu maintenant, mais il l'était déjà la dernière fois. On pense à notre respiration parce qu'elle trahit nos sentiments et que l'on ne sait pas si le visage voit ou regarde. Probablement voit-il.
Le ventre se serre.

-"Non je ne revomirais pas!" et la situation sort se mêler au visage.

On change de position, on s'agite un peu, on ferme les yeux, on les ré-ouvre. Deux battements de cils.
Bien que connu ce n'est que maintenant que le visage adopte une forme fixe. C'est une fille. C'est une femme.
Une inspiration, une expiration, une contraction des muscles, des battements de coeur.
C'est une fille parce qu'elle semble parfaite. C'est une femme parce qu'elle sait y faire. On se rend compte que la seule raison pour laquelle on change de position c'est pour la toucher. En faisant croire à l'accident.
Et pourtant on ne dort pas. On a juste les yeux dans le vide. En fait ils sont révulsés et on se demande ce qu'est finalement cette situation. Juste le bon moment mais de quoi? l'aurait-on confondu avec autre chose ? On comprend alors que la situation a moins d'intérêt que ce qu'elle engendre. La situation c'était en fait le bon moment pour l'intérieur de devenir l'extérieur. Juste le bon moment pour que la pensée se transforme en instinct et la raison en pulsion. Finalement, on avait peur de faire une bêtise raisonnée.
Une inspiration, une expiration, une contraction de muscles, quinze battements de cils, douze battements de coeur, une profonde inspiration un frisson peut être et on se laisse faire.
Enfin on goûte à quelque chose. Un liquide chaud, à la température du corps au moins, la salive. La puissance de la langue, les muscles de la mâchoire contractée. Trois coups de dents dans le vif…

2-ATTACHEMENT

…Et on s’attache.
« Prend une corde et attache la toi au pied. Non pas celui ci, celui là. On commence par l’attachement, après tout on est né attaché.
-A tacher? Comme une invitation au noircissement? »
-Non attaché! En un seul mot.
-Avec attachement alors ?
-Non, comme le « liés» de « pieds et poings liés »
-C’est pareil. »

Je connais un type qui aimait beaucoup sa mère et qui est né tout blanc. Pas couleur chaire, vraiment blanc et dont les médecins ont eu toutes les peines du monde a lui couper le cordon ombilical lorsqu’il est né. Trois attachements.

Alors je me suis attaché, j’ai aimé…beaucoup, j’étais mal…un peu, mais le plaisir de l’expression de ma pleine puissance m’a très vite fait oublier le reste. Ou comment les contractions de mes muscles agissaient sur la tension de la corde.
Alors je me suis attaché, j’ai aimé…beaucoup, j’étais mal…un peu, mais le plaisir de l’expression de ma pleine puissance m’a très vite fait oublier le reste. Ou comment lorsque j’ai dis « je te veux » la réponse a été « moi aussi »
Et puis j’ai été a tacher, la soumission a l’attachement. L’attachement étant  le reflet de mon amour propre je me suis soumis a moi même. J’ai donc été docile, et ce sont les autres qui en ont profité. Lorsque je me soumet a moi même, je me soumet au monde entier. J’ai aimé…beaucoup, puis je m’en suis voulu, puis je me suis dis « j’m’en fout », puis je me suis dis « en fait non ». Et puis j’ai compris que j’aimais ça pour son instant mais que je finissais invariablement par le regretter. Mais j’ai continué. Encore une fois il sagissait d’attendre le bon moment.
Comme la fois ou j’ai vu cette fille…Je lui ai dis « tu es belle » puis j’ai regretté. Ce n’était pas le bon moment. Et la nuit ou cette fille m’a prouvé qu’elle était une femme, je n’ai rien dis et j’ai eu raison. Les fois d’après non plus, je n’ai rien dis parce qu’il y avait de moins en moins de choses a dire mais mon corps a parlé pour moi. Heureusement qu’il n’a pas dit l’essentiel:

                                                            Je m’attachais
                                                            Tu m’as taché
                                                            Il m’attachait

Je m’attachais lorsque tu m’as taché et que mon corps m’attachait au tiens. Une phase de noircissement consenti, voulu et demandé, parce qu’il est plus simple de regarder une image que de comprendre sa situation, que regarder je sais ou cela m’amène mais pas la situation. Et que je m’étais attaché a une image en toute connaissance de cause, que je m’étais attaché a une fille en me persuadant que c’était une femme. Cette fille est une image, cette femme est une situation. Et c’est là que j’ai commencé a me perdre. J’ai eu honte d’avoir aimé une image, tombant  dans la facilité, dans l’aberation, puis je me suis retrouvé devant une situation que je n’ai pas su gérer. Moi, supposé bander une corde a la simple contraction de mes muscles (encore une image…). Et pourtant je savais qu’une situation ne se gérait pas, une situation se subit ou du moins je lui avait demandé de me faire subir. Et lorsque j’ai admis et compris que je subissais, je les ai embrassé, elle et la femme, les deux en même temps pendant que mon corps m’attachait.
Je me suis mis a voir ce qu’il y avait de triste et en voyant ce qu’il y avait de triste je suis entré dans la réalité. Je n’y suis pas resté longtemps car je me suis confronté à ses problèmes, et qu’elle n’était pas facile à supporter. Les mêmes problèmes et difficultés que pose un flash face a nos yeux. Mais j’ai su l’apprécié pour ce qu’elle valait et j’ai su l’aimer tout cours. Puis la femme est partie avec un regard déçu et je suis resté  avec mes souvenirs, images de la réalité. Et finalement ce que l’on en retiendra ce ne seront pas les nuits mais ce qu’il y avait avant, après, autour. Entre deux attachements j’effacerais la tâche, jusqu'à ce qu’une autre apparaisse que je n’essayerais même pas d’éviter…

3-REFLEXION

…c’est le phénomène de réflexion: Phénomène qui se produit lorsqu'un corps doué d'une certaine vitesse en rencontre un autre qui le force à suivre une autre direction. Lorsque la flexion est l’action de fléchir, je rebondissais avant même de réfléchir.
« Alors on parle de lumière ? il aura fallu que le choc soit bien important pour qu’il ne laisse pas de temps a la réflexion.
-Ici on parle de  ce que l’on veut et on laisse le choix de la compréhension: »

Un mouvement, une réflexion
Un reflet, une réflexion
Une pensée, une réflexion
Une deuxième chute, une re-flexion

Mais voici une histoire: un homme réfléchissait, dans sa main une bille. Nous étions en fin d’après-midi et il avait passé une journée plutôt facile bien qu’un évènement inhabituel était venu troubler ce quotidien d’ordinaire si bien réglé. C’était justement à ce propos que notre homme pensait.
Un peu plus tôt dans la journée, un jeune garçon, une dizaine d’années au plus, haletant, courant gueule ouverte, les yeux écarquillés comme s’il avait vu le diable lui était littéralement rentré dedans. Le choc fut suffisamment violent pour que notre homme en eût le souffle coupé, et que le garçon se retrouve projeté au sol quelques mètres plus loin. Un peu comme une bête traquée, le jeune adolescent se releva vivement. Les yeux embués, il jeta un bref coup d’œil a l’obstacle qu’il venait de rencontrer et reprit sa course.
L’homme se tenait debout, courbé en avant les mains sur les genoux. Les yeux fermés, il tentait de reprendre son souffle.Une femme lui rapporta son chapeau, lui demandant s’il allait bien, le visage crispé il hocha lentement la tête.
Quelques secondes passèrent, pas beaucoup mais suffisamment pour que le spectacle qu’avait offert cette percussion eue perdue de son intérêt aux yeux des passants, si bien que tout le monde avait repris son chemin. L’homme ouvrit les yeux,. La première chose qu’il vit ce furent ses chaussures, puis a coté de celle de gauche un objet brillant qu’il eut très vite fait d’identifier comme étant une bille qu’il ramassa, intrigué. D’une manière peu habituelle, la lumière du soleil se reflétait dans l’objet trouvé de la plus vive des façons. D’ailleurs, d’une manière peu habituelle, tout ce qui entourait la bille s’y reflétait d’une façon incroyable. Il pensa sourire aux lèvres que, comme la lessive qui lave plus blanc que blanc, l’objet reflétait des images plus vraies que vrai.
Un homme réfléchissait, dans sa main une bille: « J’ouvre les yeux et me dis « Dieu que le monde est beau ». Est-ce inquiétant? Avant même de me demander pourquoi le premier mot auquel je pense est le nom de Dieu, il faudrait déjà que je parvienne à cerner cet infime instant. Celui où le deuxième rayon de lumière entre dans mon œil, le premier est trop aveuglant, déclanchant une série de réactions en chaîne qui me fait penser que le monde est beau. Il faudrait même, pour être pointilleux, que je sois certain que ce n’est pas parce que soudain mon cœur bat plus fort ou qu’un sourire se dessine sur mes lèvres que je ne pense pas comme par réflexe que le monde est beau! Je souris, mon pouls s’accélère, un frisson, c’est sans doute que je trouve cela beau…Dieu que le monde est beau »
Perdu dans ses pensées, l’homme qui tenait la bille ne vit pas la voiture arriver.

4-RENAISSANCE

Renaissance en grandes pompes. Renaissance dans des vapeurs, des effluves d’évaporations d’alcool. J’ai trouvé mes racines, dans une cave corse. J’ai su les quitter l’esprit reposé sachant qu’elles étaient a l’abri et j’ai décidé de les garder au chaud. Puis je me suis endormi dessus pour me réveiller soul dans un bar.
Une ambiance, chaleureuse, familière, une lumière tamisée un air chaud, du bois sombre et de l’osier rouge. Du bruit…Beaucoup de bruit. Renaître dans le bruit de même que je suis né dans un cris sans savoir où je me trouvais. Un regard. Le mien celui des autres. Et plus que jamais la rage. Celle a l’état pur, celle qui n’est pas ciblée, qui fait un travail de fond, qui fait avancer une jambe puis l’autre, celle qui rend l’esprit clairvoyant lorsque l’on a trop bu. Celle de l’homme trompé et qui s’en rend compte avant tout le monde, qui montre les dents quand il sourit.

Je ferme les yeux…Et c’est si bon.
Je renais lorsque l’on prononce mon nom.

La fanfare lance ses premières notes, les enfants courent dans la rue, les femmes sont aux balcons, les hommes où ils peuvent. Et on avance. Les premiers pas, c’est incroyable d’être si bien coordonné. Les bras se lève au passage du cortège. C’est si beau. Le cuivre reflète la lumière du soleil qui est descendu en personne donner un peu de puissance a cette musique. Oui c’est ça! c’est…céleste! Dans la foule on règle ses comptes, la musique étouffe les discutions, les cris. Les enfants jouent à celui qui sera capable de rester le plus longtemps sur la route avant de se faire écraser par la fanfare ambulante, parce qu’elle ne s’arrêtera pas pour si peu. C’est un animal féroce, un rhinocéros, une machine puissante, une locomotive. Bien huilé, bien rodé, qui ne s’arrête qu’une fois arrivée a la gare. Les mamans hurlent les prénoms des enfants. La vapeur s’éloigne dans le ciel en fredonnant une mélodie.

On m’attrape par le bras et me chuchote quelques mots à l’oreille: « j’ai un secret à te dire »
Je renais pour un secret.

On hurle derrière le mur. Que quelqu’un fasse quelque chose c’est insoutenable. On gémit derrière le mur. Une femme pleur, des bruits de choses que l’on brise, fracasse ou que l’on fait tomber accidentellement. On crie derrière le mur. Je tourne en rond, je m’éloigne, me tords les doigts: « Que cela cesse! Il faut que ça cesse! ». Les mots sont incompréhensibles, entrecoupés de sanglots la voix est trop plaintive pour que l’on puisse comprendre quoique ce soit. Et je me plains avec elle « Tais toi donc!» et je la plains aussi un peu. On se lamente derrière le mur. Les voisins de l’immeuble d’en face sont tous à la fenêtre. J’épie un peu les épieurs et me rend compte que ma gorge est serrée « Elle va finir par me faire pleurer la conne! ». Je me résigne à lâcher une larme. Et je n’ai jamais su si c’était lié ou non mais la seconde d’après, le bruit cessa. On regrette derrière le mur. Et les voisins rentrent chez eux.

Je n’ai rien compris du secret mais que j’ai aimé ce légé murmure contre mon oreille, presque un baiser sur la joue.
Je renais pour un baiser.

Mais ça elle le sait bien.

Arthur.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité