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res.in

3 décembre 2008

La nudité/ le nu

Des affiches publicitaires de lingerie au « nu » artistique, des rites d'initiations des cultures dites primitives aux écrits licencieux, la nudité fascine. Le corps dévêtu, la peau en vue, les formes dévoilées, exhibées ou suggérées semblent voguer dans un espace partagé entre voyeurisme et contemplation. De la prostitution à l'épaule dénudée, la révélation du corps se double de sa transgression. Empreint d'un regard, le corps est violé.

Aussi peut-on s'intéresser à sa représentation. Représenter le corps nu, le saisir par l'image, le cristalliser par les mots semble dépasser son appréhension concrète en ce que cela rend possible une permanence du regard posé sur lui.

Mais photographier, peindre, écrire le corps nu, c'est le dire, c'est aussi à chaque fois l'investir d'un discours. L'oeil de l'artiste attend de rencontrer celui du « spectateur » par la médiation de son oeuvre.

Je vais donc tenter d'étudier (dans les grandes largeurs) les oeuvres mettant en scène la nudité, ce qui m'amènera sans doute à (re)définir le « nu » et à le dissocier clairement de la nudité. (En effet, un corps habillé peu être plus nu qu'un corps dévêtu : qu'est ce que le nu?) pour analyser leur(s) réception(s); l'oeil créateur étant actualisé, reconstruit par celui de son spectateur. Il s'agira donc de voir comment s'articulent, se heurtent voire s'interpénètrent les deux/trois sujets qui se rencontrent lors de la réception de l'oeuvre.

Voilà....j'espère esquisser quelque chose d'utile à l'issue de ma recherche! C'est encore assez flou...

Julie

 

 

 

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3 décembre 2008

Vers une fiction cartographique - Tentative de construction de situations psychogéographiques

  1-RESPIRATIONS

Une inspiration. Deux inspirations. Entre temps une expiration. Comme lorsque l'on sait qu'une situation va se produire. Une inspiration, une expiration, une inspiration et trois battements de coeur. Les yeux s'ouvrent et on ne pense plus aux inspirations.
On voit.
Un battement de cils, puis un deuxième, un troisième. On continue de voir, les yeux se ferment un peu plus, la lumière est forte, puis l'on regarde. Et quand on regarde on ne pense plus aux battements des cils. La situation est toujours là, on la sent attendre le bon moment, et on la sent physiquement aussi lorsque l'on pense un soupir. Parce qu'elle prend les poumons.
Et on se souvient qu'une fois on a pensé nos respirations -silence-.
Vient comme un murmure. On s'apprête à voir alors que ce sont les battements du coeur qu'il faudrait écouter. Silence. Ce n'est pas la bouche qui parle c'est la tête. La bouche ça vient plus tard. Lorsque le ventre repu, on comprend que l'on aurait mieux fait de donner un baiser avec.
La tête est bavarde, bien plus que la bouche en tout cas.
Des taches, des formes, puis un visage dont les traits sont déterminés par notre propre pulsation sanguine.

-"Je le sais, nos gorges tremblent de la même façon!"

Une inspiration, une expiration, une respiration bruyante et huit battements de coeur.
Un liquide chaud, à la température du corps au moins. N'importe lequel. On transpire, on bave, on vomit, on pisse, on pleure, on saigne ou on jouit. Encore des battements de coeur.
Silence.
Le visage est connu maintenant, mais il l'était déjà la dernière fois. On pense à notre respiration parce qu'elle trahit nos sentiments et que l'on ne sait pas si le visage voit ou regarde. Probablement voit-il.
Le ventre se serre.

-"Non je ne revomirais pas!" et la situation sort se mêler au visage.

On change de position, on s'agite un peu, on ferme les yeux, on les ré-ouvre. Deux battements de cils.
Bien que connu ce n'est que maintenant que le visage adopte une forme fixe. C'est une fille. C'est une femme.
Une inspiration, une expiration, une contraction des muscles, des battements de coeur.
C'est une fille parce qu'elle semble parfaite. C'est une femme parce qu'elle sait y faire. On se rend compte que la seule raison pour laquelle on change de position c'est pour la toucher. En faisant croire à l'accident.
Et pourtant on ne dort pas. On a juste les yeux dans le vide. En fait ils sont révulsés et on se demande ce qu'est finalement cette situation. Juste le bon moment mais de quoi? l'aurait-on confondu avec autre chose ? On comprend alors que la situation a moins d'intérêt que ce qu'elle engendre. La situation c'était en fait le bon moment pour l'intérieur de devenir l'extérieur. Juste le bon moment pour que la pensée se transforme en instinct et la raison en pulsion. Finalement, on avait peur de faire une bêtise raisonnée.
Une inspiration, une expiration, une contraction de muscles, quinze battements de cils, douze battements de coeur, une profonde inspiration un frisson peut être et on se laisse faire.
Enfin on goûte à quelque chose. Un liquide chaud, à la température du corps au moins, la salive. La puissance de la langue, les muscles de la mâchoire contractée. Trois coups de dents dans le vif…

2-ATTACHEMENT

…Et on s’attache.
« Prend une corde et attache la toi au pied. Non pas celui ci, celui là. On commence par l’attachement, après tout on est né attaché.
-A tacher? Comme une invitation au noircissement? »
-Non attaché! En un seul mot.
-Avec attachement alors ?
-Non, comme le « liés» de « pieds et poings liés »
-C’est pareil. »

Je connais un type qui aimait beaucoup sa mère et qui est né tout blanc. Pas couleur chaire, vraiment blanc et dont les médecins ont eu toutes les peines du monde a lui couper le cordon ombilical lorsqu’il est né. Trois attachements.

Alors je me suis attaché, j’ai aimé…beaucoup, j’étais mal…un peu, mais le plaisir de l’expression de ma pleine puissance m’a très vite fait oublier le reste. Ou comment les contractions de mes muscles agissaient sur la tension de la corde.
Alors je me suis attaché, j’ai aimé…beaucoup, j’étais mal…un peu, mais le plaisir de l’expression de ma pleine puissance m’a très vite fait oublier le reste. Ou comment lorsque j’ai dis « je te veux » la réponse a été « moi aussi »
Et puis j’ai été a tacher, la soumission a l’attachement. L’attachement étant  le reflet de mon amour propre je me suis soumis a moi même. J’ai donc été docile, et ce sont les autres qui en ont profité. Lorsque je me soumet a moi même, je me soumet au monde entier. J’ai aimé…beaucoup, puis je m’en suis voulu, puis je me suis dis « j’m’en fout », puis je me suis dis « en fait non ». Et puis j’ai compris que j’aimais ça pour son instant mais que je finissais invariablement par le regretter. Mais j’ai continué. Encore une fois il sagissait d’attendre le bon moment.
Comme la fois ou j’ai vu cette fille…Je lui ai dis « tu es belle » puis j’ai regretté. Ce n’était pas le bon moment. Et la nuit ou cette fille m’a prouvé qu’elle était une femme, je n’ai rien dis et j’ai eu raison. Les fois d’après non plus, je n’ai rien dis parce qu’il y avait de moins en moins de choses a dire mais mon corps a parlé pour moi. Heureusement qu’il n’a pas dit l’essentiel:

                                                            Je m’attachais
                                                            Tu m’as taché
                                                            Il m’attachait

Je m’attachais lorsque tu m’as taché et que mon corps m’attachait au tiens. Une phase de noircissement consenti, voulu et demandé, parce qu’il est plus simple de regarder une image que de comprendre sa situation, que regarder je sais ou cela m’amène mais pas la situation. Et que je m’étais attaché a une image en toute connaissance de cause, que je m’étais attaché a une fille en me persuadant que c’était une femme. Cette fille est une image, cette femme est une situation. Et c’est là que j’ai commencé a me perdre. J’ai eu honte d’avoir aimé une image, tombant  dans la facilité, dans l’aberation, puis je me suis retrouvé devant une situation que je n’ai pas su gérer. Moi, supposé bander une corde a la simple contraction de mes muscles (encore une image…). Et pourtant je savais qu’une situation ne se gérait pas, une situation se subit ou du moins je lui avait demandé de me faire subir. Et lorsque j’ai admis et compris que je subissais, je les ai embrassé, elle et la femme, les deux en même temps pendant que mon corps m’attachait.
Je me suis mis a voir ce qu’il y avait de triste et en voyant ce qu’il y avait de triste je suis entré dans la réalité. Je n’y suis pas resté longtemps car je me suis confronté à ses problèmes, et qu’elle n’était pas facile à supporter. Les mêmes problèmes et difficultés que pose un flash face a nos yeux. Mais j’ai su l’apprécié pour ce qu’elle valait et j’ai su l’aimer tout cours. Puis la femme est partie avec un regard déçu et je suis resté  avec mes souvenirs, images de la réalité. Et finalement ce que l’on en retiendra ce ne seront pas les nuits mais ce qu’il y avait avant, après, autour. Entre deux attachements j’effacerais la tâche, jusqu'à ce qu’une autre apparaisse que je n’essayerais même pas d’éviter…

3-REFLEXION

…c’est le phénomène de réflexion: Phénomène qui se produit lorsqu'un corps doué d'une certaine vitesse en rencontre un autre qui le force à suivre une autre direction. Lorsque la flexion est l’action de fléchir, je rebondissais avant même de réfléchir.
« Alors on parle de lumière ? il aura fallu que le choc soit bien important pour qu’il ne laisse pas de temps a la réflexion.
-Ici on parle de  ce que l’on veut et on laisse le choix de la compréhension: »

Un mouvement, une réflexion
Un reflet, une réflexion
Une pensée, une réflexion
Une deuxième chute, une re-flexion

Mais voici une histoire: un homme réfléchissait, dans sa main une bille. Nous étions en fin d’après-midi et il avait passé une journée plutôt facile bien qu’un évènement inhabituel était venu troubler ce quotidien d’ordinaire si bien réglé. C’était justement à ce propos que notre homme pensait.
Un peu plus tôt dans la journée, un jeune garçon, une dizaine d’années au plus, haletant, courant gueule ouverte, les yeux écarquillés comme s’il avait vu le diable lui était littéralement rentré dedans. Le choc fut suffisamment violent pour que notre homme en eût le souffle coupé, et que le garçon se retrouve projeté au sol quelques mètres plus loin. Un peu comme une bête traquée, le jeune adolescent se releva vivement. Les yeux embués, il jeta un bref coup d’œil a l’obstacle qu’il venait de rencontrer et reprit sa course.
L’homme se tenait debout, courbé en avant les mains sur les genoux. Les yeux fermés, il tentait de reprendre son souffle.Une femme lui rapporta son chapeau, lui demandant s’il allait bien, le visage crispé il hocha lentement la tête.
Quelques secondes passèrent, pas beaucoup mais suffisamment pour que le spectacle qu’avait offert cette percussion eue perdue de son intérêt aux yeux des passants, si bien que tout le monde avait repris son chemin. L’homme ouvrit les yeux,. La première chose qu’il vit ce furent ses chaussures, puis a coté de celle de gauche un objet brillant qu’il eut très vite fait d’identifier comme étant une bille qu’il ramassa, intrigué. D’une manière peu habituelle, la lumière du soleil se reflétait dans l’objet trouvé de la plus vive des façons. D’ailleurs, d’une manière peu habituelle, tout ce qui entourait la bille s’y reflétait d’une façon incroyable. Il pensa sourire aux lèvres que, comme la lessive qui lave plus blanc que blanc, l’objet reflétait des images plus vraies que vrai.
Un homme réfléchissait, dans sa main une bille: « J’ouvre les yeux et me dis « Dieu que le monde est beau ». Est-ce inquiétant? Avant même de me demander pourquoi le premier mot auquel je pense est le nom de Dieu, il faudrait déjà que je parvienne à cerner cet infime instant. Celui où le deuxième rayon de lumière entre dans mon œil, le premier est trop aveuglant, déclanchant une série de réactions en chaîne qui me fait penser que le monde est beau. Il faudrait même, pour être pointilleux, que je sois certain que ce n’est pas parce que soudain mon cœur bat plus fort ou qu’un sourire se dessine sur mes lèvres que je ne pense pas comme par réflexe que le monde est beau! Je souris, mon pouls s’accélère, un frisson, c’est sans doute que je trouve cela beau…Dieu que le monde est beau »
Perdu dans ses pensées, l’homme qui tenait la bille ne vit pas la voiture arriver.

4-RENAISSANCE

Renaissance en grandes pompes. Renaissance dans des vapeurs, des effluves d’évaporations d’alcool. J’ai trouvé mes racines, dans une cave corse. J’ai su les quitter l’esprit reposé sachant qu’elles étaient a l’abri et j’ai décidé de les garder au chaud. Puis je me suis endormi dessus pour me réveiller soul dans un bar.
Une ambiance, chaleureuse, familière, une lumière tamisée un air chaud, du bois sombre et de l’osier rouge. Du bruit…Beaucoup de bruit. Renaître dans le bruit de même que je suis né dans un cris sans savoir où je me trouvais. Un regard. Le mien celui des autres. Et plus que jamais la rage. Celle a l’état pur, celle qui n’est pas ciblée, qui fait un travail de fond, qui fait avancer une jambe puis l’autre, celle qui rend l’esprit clairvoyant lorsque l’on a trop bu. Celle de l’homme trompé et qui s’en rend compte avant tout le monde, qui montre les dents quand il sourit.

Je ferme les yeux…Et c’est si bon.
Je renais lorsque l’on prononce mon nom.

La fanfare lance ses premières notes, les enfants courent dans la rue, les femmes sont aux balcons, les hommes où ils peuvent. Et on avance. Les premiers pas, c’est incroyable d’être si bien coordonné. Les bras se lève au passage du cortège. C’est si beau. Le cuivre reflète la lumière du soleil qui est descendu en personne donner un peu de puissance a cette musique. Oui c’est ça! c’est…céleste! Dans la foule on règle ses comptes, la musique étouffe les discutions, les cris. Les enfants jouent à celui qui sera capable de rester le plus longtemps sur la route avant de se faire écraser par la fanfare ambulante, parce qu’elle ne s’arrêtera pas pour si peu. C’est un animal féroce, un rhinocéros, une machine puissante, une locomotive. Bien huilé, bien rodé, qui ne s’arrête qu’une fois arrivée a la gare. Les mamans hurlent les prénoms des enfants. La vapeur s’éloigne dans le ciel en fredonnant une mélodie.

On m’attrape par le bras et me chuchote quelques mots à l’oreille: « j’ai un secret à te dire »
Je renais pour un secret.

On hurle derrière le mur. Que quelqu’un fasse quelque chose c’est insoutenable. On gémit derrière le mur. Une femme pleur, des bruits de choses que l’on brise, fracasse ou que l’on fait tomber accidentellement. On crie derrière le mur. Je tourne en rond, je m’éloigne, me tords les doigts: « Que cela cesse! Il faut que ça cesse! ». Les mots sont incompréhensibles, entrecoupés de sanglots la voix est trop plaintive pour que l’on puisse comprendre quoique ce soit. Et je me plains avec elle « Tais toi donc!» et je la plains aussi un peu. On se lamente derrière le mur. Les voisins de l’immeuble d’en face sont tous à la fenêtre. J’épie un peu les épieurs et me rend compte que ma gorge est serrée « Elle va finir par me faire pleurer la conne! ». Je me résigne à lâcher une larme. Et je n’ai jamais su si c’était lié ou non mais la seconde d’après, le bruit cessa. On regrette derrière le mur. Et les voisins rentrent chez eux.

Je n’ai rien compris du secret mais que j’ai aimé ce légé murmure contre mon oreille, presque un baiser sur la joue.
Je renais pour un baiser.

Mais ça elle le sait bien.

Arthur.

24 novembre 2008

urbanité parisienne: l’évolution du concept, ou la défense d’une ville vivante

la ville est aujourd’hui l’habitat de plus de la moitié de la population mondiale, mais ce n’est pas parce que ce seuil est enfin franchi que la ville doit être étudiée. La ville n’est pas seulement la concentration de l’habitat humain : elle est surtout, grâce à sa diversité et a sa densité, ce qui concentre les échanges et les activités (économiques, politiques, intellectuels, culturels) et permet l’interaction entre les hommes.  Jacques Lévy résume ceci, très clairement, dans sa formule: “la ville est un géotype de substance sociétale fondé sur la coprésence”. C’est, depuis des millénaires, et de plus en plus avec la mondialisation, là ou se rassemble l’humanité (non plus au sens démographique mais ontologique). Les urbanistes et autres géographes, sociologues ou historiens n’ont d’ailleurs, bien sur, pas attendu 2008 et la généralisation du fait urbain pour se pencher sur la question.
La ville doit être l’objet d’étude des sciences humaines parce qu’elle est l’oeuvre fondamentale de l’homme, et de ce collectif parce que l’homme en la façonnant se façonne lui même et qu’ainsi l’urbain, ou plutôt les différentes formes d’urbanités, participent au processus de subjectivation. En effet, notre définition de l’urbanité, c’est à dire ce qui fait de la ville une ville, concept qui diffère selon les sociétés et les époques, détermine les évolutions urbaines et ainsi conditionne notre milieu et nos modes de vie.
Dans le cadre de ce collectif de cet “espace de dialogue”, je propose donc l’embryon d’une réflexion sur le concept d’urbanité, à partir de l’étude des dynamiques et des politiques urbaines actuellement mises en place ou imaginées à Paris.

Alors que la population mondiale afflue massivement vers les villes, certaines villes des pays du nord se vident (entre 1990 et 2000, 40% des villes du Nord se vidaient). Paris connaît ce genre de dynamiques, même si ce n’est pas le pire des cas.
Au XIX et XXe siècles, Paris et ses environs ont accueilli de forts flux de population, dû aux révolutions industrielles (exode rural), au développement de la société de service, au rayonnement sans partage de l’agglomération au sein du territoire Français, imposé depuis l’Ancien régime. Cependant, depuis la fin du XXe siècle, on constate une nette évolution de ses logiques démographiques : si le nombre de la population de l’Ile de France continue d’augmenter, il ne le fait que grâce à l’accroissement naturel : son solde migratoire est dorénavant négatif.

Quelques chiffres et statistiques pour appuyer mon propos:
Entre 1990 et 2005, la population d’Ile de France a augmentée de 0,62% par an, en moyenne : c’est la même évolution que dans toute la France. Cela dit, le solde migratoire est en recul de 0,26% par an, c’est-à-dire qu’il y a plus de gens qui quittent Paris que de gens qui viennent s’y installer (la différence étant absorbée par l’accroissement naturel, plus fort dans cette région que dans le reste de la France). Encore plus flagrant, La population de Paris intra muros est passée de 2 125 246 habitants en 1990 à 2 166 200 habitants en 2007, soit une ridicule augmentation de 1,9%, en plus de 15 ans, avec même une chute de 27000 habitants entre 90 et 99.  Ces chiffres, qui prouvent une stagnation de la population parisienne, montrent que Paris et ses environs, s’ils concentrent toujours la grande majorité des flux de capitaux, des fonctions de commandement, d’éducation et de culture Françaises, et qu’ils restent le bassin d’emploi le plus important de France, ne jouissent plus de leur capacité de rayonnement, pour l’habitat tout au moins.

Trois causes pourraient expliquer cela:
- la région parisienne n’est plus capable, physiquement, si je puis dire, d’absorber de nouveaux habitants;
- les Français et autres immigrés, et même certains parisiens “de souche” ne considèrent plus Paris comme vivable, comme attractif d’un point de vu de ses conditions de vie;
- La décentralisation, cheval de bataille des politiques d’aménagement du territoire en France depuis les années 60 avec, notamment, les actions de la DATAR, reprises par la DIACT depuis 95, est efficace et on en ressent maintenant les effets sur la démographie parisienne (alliés au effets de l’héloitropisme...).

Ces trois causes se mêlent, à mon avis, (même si la troisième est plus isolée et très particulière à l’espace français; on la laissera de coté pour l’instant, bien que son étude peut être intéressante et fondamentale).
les deux premières explications se rejoignent et sont en fait totalement entremêlées, c’est notamment rerquable par l’étude des prix du foncier et du locatif parisien, et de l’évolution du parc de logement. Les loyer et les prix du foncier à Paris augmentent considérablement (+83,1% depuis 1998 pour les logements anciens par exemple contre +70% dans le reste de la France). Parallèlement à cette hausse fulgurante des loyers, la commune de Paris est la seule zone en France dont l’évolution du parc de logements (nombre des logements) est négatif (-0,21%) entre 82 et 90. Dans la proche banlieue (dans les départements limitrophes du 92, 93 et 94) l’évolution du parc de logement a connu une faible augmentation de moins de 10%; le record est détenu par les départements de Haute Garonne (Toulouse) et du Var, avec plus de 20% d’augmentation.
Paris connaît évidemment une crise du logement (on a tous pu s’en rendre compte)! Vivre dans les limites administratives de Paris (qui n’ont, soit dit en passant, pas évoluées depuis l’ancien régime) est devenu un luxe. Vivre dans Paris implique de nécessaires sacrifices, notamment financiers : la propositions des dépenses des ménages dédiés au logement dépassent souvent 50% à Paris, à l’instar des dépenses consacrées à l’éducation, au loisir, à la culture,... (d’où le caractère invivable de paris pour certains)
Le centre de l’agglomération parisienne n’a désormais plus la place pour le logement (c’est en partie la raison de l’emballement des prix), et relègue cette fonction en périphérie. La croissance de l’agglomération parisienne se fait donc en tache d’huile (comme c’est le cas de toutes les villes en expansion). Ainsi se développent un urbanisme de zones socio-spatiales (ou zoning qui consiste à établir des fonctions pour chaque zone urbaine, ce qui a schématiquement pour conséquence une répartition sociale des habitants dans ces différentes zones selon le prestige des fonctions attribuées, et donc la paupérisation voire la guéttoisation des périphéries et la gentrification du centre, voire sa desertification...); et avec ce zoning, apparaissent d’énormes problèmes  stratégiques et politiques (transports, migrations pendulaires, crises des banlieues...).
L’agglomération ne peut plus être pensée en terme administratif, en terme de limites de commune, mais comme un ensemble de relations centre/périphérie (Paris intra muros serait le grand centre, les communes limitrophes, les périphéries proches, et ainsi de suite).

Se pose alors la question de l’évolution des mentalités urbaines et de l’urbanité: quelles sont et quelles doivent être les fonctions de la ville, et que doit être leur répartition au sein de l’espace urbain?
Parce que la définition de Base de la ville commence à être nuancée: la notion de distance est à nouveau introduite, ainsi, la diversité n’est plus assurée puisque chaque zone est dédiée à une fonction: le centre de Paris concentrent les fonctions de commandement, de culture et en partie de commerce; le gros des activités économiques est circonscrit en proche banlieue, à la Défense; et l’habitat se trouve en périphérie. Ainsi l’interaction n’est plus maximum, et le centre géographique, qui devrait aussi être le centre stratégique, peut être évité par des milliers de Franciliens qui se contentent de migrer d’une banlieue à une autre (253 000 personne se rendent tous les jours à la défense et la plupart ne vivent pas à Paris).
Et ces conceptions urbaines, bien implantées en Amérique du nord ou même à Londres par exemple, vont à l’encontre d’un idéal urbain historique français, qui a comme fondement le modèle des villes romaines et médiévales qui concentrent sans distinction les fonctions urbaines. Même au XIXe siècle avec la révolution haussmannienne, la mixité sociale et fonctionnelle, donc la diversité, sont respectées : toutes les classes sociales se côtoient dans l’immeuble haussmanien, de l’entre sol aux chambres de bonnes. Enfin au XXe siècle et jusqu’à très récemment, la diversité culturelle avait été conservée dans le grand centre de Paris (avec des quartiers comme Belleville, la Goutte d’or, le XIXe arrondissement...) alors qu’elle avait totalement disparue d’autre centres occidentaux.
C’est cette diversité que nous sommes en train de voir disparaître avec les logiques actuelles, avec les dynamiques urbaines spontanées (comme la hausse des prix des logements), c’est celle-ci que je défend ici. La ville et le centre ville devraient idéalement parvenir à concilier habitats et fonctions prestigieuses et économiques, et ceci ne serait possible, à l’heure actuelle, que grâce à des politiques de la ville maîtrisées et réfléchies.
La mairie de Paris met en place en ce moment une multitude de projets d’aménagement urbain : rénovations (démolir puis reconstruire entièrement comme dans le XIIIe) ou réhabilitation (garder l’enveloppe externe et reconvertir ou moderniser comme dans le 104 du XIXe arrondissement).
Le plus grand chantier urbain global lancé actuellement à Paris consiste à rénover les “zones” non optimisées, entre les boulevards des maréchaux et le périphérique, là où il reste encore un peu de place ( le Grand Projet de Renouvellement Urbain de Paris, G.P.R.U, se concentre sur les quartier de la couronne parisienne, de la Porte des lillas à la porte de Vanve: au total, 13 quartiers). 
Un autre grand projet commun entre les communes de Paris, Saint Denis et Abervillier vient d’être signé : le projet d’aménagement intercommunal “gare des mines / fillettes” (création d’un nouveau quartier).
Ainsi les grands projet d’aménagement de Paris s’insèrent dans l’idée d’un Grand Paris, idéal urbain convoité depuis des années, mais dont la réalisation administrative semble bien trop complexe pour l’instant (à ce propos, voir le numéro d’octobre 2008 de la revue Esprit). Tous ces aménagements visent à développer en effet la périphérie de la commune de Paris et à terme à favoriser les liens intercommunaux (c’est aussi dans cette logique qu’on enterre peu à peu tout le périphérique). Les politiques urbaines de Paris vont donc dans le sens d’une extension verticale de l’agglomération.

Cependant le problème du zonage fonctionnel et socio-spatial n’est pas résolu.
Paris se vide toujours de ses habitants, les affaires se font à la défense: Le risque, à terme, serait une totale muséification de Paris. Si l’on délocalise l’habitat, après avoir délocalisé les fonctions économiques (même si ce n’est pas entièrement le cas) en banlieue, la ville de Paris finirait au mains des parlementaires et des touristes(déjà 26 millions de touristes emplissent Paris chaque année), ce qui scléroserait totalement son évolution, ferait de paris un objet historique que l’on ne pourrait modifier pour cause de sacralisation du patrimoine...
Or c’est ainsi qu’on pourrait faire mourir Paris.
A quand la Sorbonne assaillie par les touristes, et les étudiants tous parqués à Nanterre ou à saint Denis (déjà qu’il est décemment impossible de se nourrir ou de prendre un café dans le quartier latin pour cause d’intérêts touristiques)?

Conserver les logement à Paris (et dans TOUT Paris) pourrait permettre de renverser cette tendance et d’éviter cette sclérose...

Je ne prône pas ici un rasage systématique et total de Paris et de tous ses monuments: c’est évident, mais je tiens à le préciser (parce que fut fait, par Haussmann, puis prôner, notamment par le Corbusier).
L’idéal serait la réhabilitation pertinente de Paris (garder l’enveloppe externe mais changer ou rétablir ses fonctions), par exemple en respectant la loi  sur la solidarité et le renouvellement urbains (SRU) qui impose à toutes les communes de plus de 3500 habitants au moins 20% de logements sociaux au sein de son parc logement. A Paris, on est loin du compte (15% des logements à Paris sont des logements sociaux), c’est encore plus flagrant si on regarde par arrondissement : aucun arrondissement du centre de Paris ( les dix premiers) ne comptent plus de 10% de logements sociaux (seulement 1,2% du 7e, 1,7 dans le 8e, 2,4 dans le 6e... contre 34,8% dans le 19e, ou 31% dans le 13e). Peut être faudrait il commencer par là pour rétablir la diversité et la mixité dans le centre de la ville.

Une nouvelle idée semble fleurir : les tours de logements. En effet, depuis le mois de juillet 2008, Bertrant Delanoë, chapeauté par Nicolas Sarkozy, a ouvert un nouveau chantier idéologique:  réintroduire la tour à Paris (seule solution selon lui pour atteindre son objectif de 27000 logements neufs avant la fin de son mandat). Le plan local d’urbanisme plafonne actuellement les constructions à l’interieure de Paris à 37 mètres, soit 10 étages, et le Maire voudrait élever ce plafont à 50 mètre. Mais l’idée de la tour de logement est tenue en horreur par les Français et particulièrement par les parisiens (un sondage mené en 2003 montre une massive opposition des Parisiens).  Le traumatisme dû au constat d’échec des grands ensembles, dernier exemple français de tours de logements, est en effet encore très présent dans les esprit... Le maire de Paris propose donc de “réintroduire la hauteur dans la ville sans reproduire les erreurs du passé” (dans un article du Monde du 8/07/2008) : c’est-à dire, en substance, réintroduire les tours sans leur dalle.
Aucun projet n’est encore sérieusement abouti, aucun concours architectural n’est vraiment lancé ou entériné...
Cependant, ce chantier fait parler de lui, notamment dans la presse, notamment cet été ( dans Le Monde, 20 minutes, Les échos, le JDD...). Cette médiatisation est sans doute volontaire, la mairie mettra du temps avant de construire ses tours, mais elle prépare mentalement d’ores et déjà les parisiens au changement du paysage urbain : Anne Hidalgo prévient en effet dans une interview au journal du dimanche, le 23 mars 2008 : “Paris va changer de visage!”
Conserver les logements dans le centre de l’agglomération parisienne impliquera ainsi de nécessaires sacrifices et l’évolution de notre vision de la ville (en particulier de la vieille ville plate à l’Européenne). Le paysage urbain va devoir évoluer pour permettre un redynamisme de Paris, une réhabilitation de Paris comme ville totale, c’est-à-dire complète.

L’évolution actuelle de Paris engage de toute façon une revisitation du concept français d’urbanité:
-une revisitation fonctionnelle: parce que si le zoning n’arrête pas de se développer, le centre de l’agglomération perdra définitivement certaines de ses fonctions fondamentales (diversité et densité, logement et interactions) et en sur-concentrera d’autres (le commandement, principalement). Paris deviendrait ainsi une des “villes globales” que décrit Saskia Sassen, avec tout ce qui s’en suit!
- Ou une revisitation par l’évolution du paysage urbain : parce qu’il faudra changer de conceptions architecturales, et accepter un développement vertical de la ville, pour limiter son développement horizontal, maitriser le marché foncier et éviter sa dénaturation.

Voulons nous d'une ville seulement fonctionnelle au niveau mondial, c'est-à-dire concurrentielle au sein de la mondialisation, ou d'une ville à échelle humaine, où l'homme pourrait encore s'épanouir? J'espère que ces deux critères peuvent encore coexister...

désolée, c'est très long, je ne me suis pas rendue compte, j'espère que quelques uns d'entre vous le lirons en entier, et excusez mes fautes d'orthographe...
juliette

21 novembre 2008

Du droit à la violence raisonnée

Du droit à la violence raisonnée

Mathieu 

Camille 

1. L’évolution des délits : la violence extérieure à, et punie par, la sphère politique

a. Le jugement juste doit-il être relatif à « l’intention » ou à la protection de la société?

La question de l’intention (et par conséquent de la responsabilité) croise semble-t-il celle de la « légitimité » de la peine et du jugement. Légitimité en tant que  tout délit est perçu comme trahison, voire rupture, du rapport (ou de la convention) établi entre l'individu et  la société. Lorsqu’un juge condamne, inflige telle ou telle sanction, il suppose la conscience de l’accusé au moment des faits, l'assentiment et la volonté… l’institue comme débiteur à l’égard de la victime, et à l’égard de la « société », n'ayant pas respecté le "contrat" liant chacun des partis. Juger, c’est alors affirmer et sanctionner l’identité du coupable et de son acte. C'est porter un regard sur la cause à partir des conséquences. C’est déclarer une action préméditée ou du moins, lorsqu’il y a la « circonstance atténuante » de l’involontaire, le caractère « évitable » du manquement à la loi. C'est enfin appeler à réparation, par l'intermédiaire de peines.

Néanmoins, si "intention" il y a, la nécessité du jugement est fondée sur le tort fait à "l'ordre social". Ainsi la protection de la société  et de sa cohérence (dont Beccaria, dans Des délits et des peines, indiquait déjà la prééminence), supporte l'édifice juridique des lois positives, vise à conserver le tissu général dans lequel s'inscrivent les subjectivités. Mais à quel prix? Et selon quels principes? Protéger  quelque chose de flou comme "l'ordre social" a des conséquences morales, éthiques, et pratiques. Quelle théorie de la justice est-elle posée comme axiome, ou même comme axiomatique? Les termes de ce qui est moral, de ce qui est juste,  sont parfois jugés soit comme évoluant avec les conditions sociales, soit comme relevant de principes a priori et universels (les "Droits de l'Homme" en sont un exemple éloquent). Il est alors malaisé de distinguer l'arbitraire, l'iniquité et "l'objectivité". La crise profonde qui traverse la psychiatrie et la prison en France participe de cette confusion entre le souci de protéger, jusqu'à la criminalisation à outrance, l'enfermement généralisé (apposer des cloisons) et la prise en compte des individus. 

Surgit en effet un problème quand résonne un quelconque déni, un « ce n’est pas moi, je ne l’ai pas voulu » de la bouche du « malade », du « malfaiteur », bref, du sujet qui est associé au désordre, qui est déclaré « fautif », ou de son avocat, de sa défense, bref une réponse à l'accusation. Un principe « d’irresponsabilité » peut s’agencer avec l’arbitrage, lequel doit statuer, après expertise, avis et preuves, sur « l’altération du jugement » à l’instant t. Maintes raisons peuvent entrer en compte, afin de déresponsabiliser… maints discours problématiques qui, au regard du juge, doivent être confrontés à l’autonomie présumée. Est-ce l’enfance, les conditions familiales ou sociales ? Est-ce une nécessité provenant des gènes et qui, dans ce cas, déterminerait absolument? Y a-t-il quelque pathologie, psychose, schizophrénie, etc. qui demanderait un traitement spécifique ? Le récent meurtre d’un étudiant de 26 ans par un schizophrène dans les rues de Grenoble (le 12/11/2008) a de nouveau provoqué l’émoi général, les réactions les plus spontanées des médias, des hommes politiques, de l'opinion. Et la réponse d’un psychiatre affirmant la difficulté pour les membres de sa profession d'assurer (avec les instances judicatrices) le risque zéro et la réintégration d’un patient hors des murs du lieu d'internement, excita là aussi l’incompréhension. Ce n’est pas à la science de prendre le rôle de l’Etat, du gouvernement… Qu’est-ce que cela veut dire ? Ces éminents chercheurs ne sont pas même capables de déceler la dangerosité de « leurs » patients ? La problématique de « l’intention », et du procès de celle-ci, mais aussi de la préservation d'un "ordre social", est complexifiée lorsque l’on doit discerner « normalité » et « pathologique »… car c’est demander de définir ce qu’est la « folie »… si le « fou », le « drogué », le « schizo », ou le « meurtrier » qui n’avait aucune prédisposition à son acte… doivent être identifiés à celui-ci. Chercher la manière de marquer les esprits, et affirmer une maîtrise de la situation. La manière de "dédommager" les victimes qui n'acceptent pas l'acquittement, même pour des soins. C'est par ailleurs statuer sur la validité de l’équation « moi=moi » (moi=mon acte). L’interrogation de la responsabilité répond à un sentiment, un émoi… « comment ? vous ne condamnez pas ? C’est un scandale ! », à une urgence… celle de la sentence et de la peine...  afin d'apaiser le trouble général.  Les velléités de Nicolas Sarkozy pour une prolongation des peines de ceux qui sont jugés comme d'une "particulière dangerosité" (loi de rétention de sûreté), ou encore la criminalisation progressive des maladies mentales (Réforme prévue des conditions d'internement qui rétablit les murs, et les contrôles, que le "secteur" tendait à rompre depuis les années 1970), sont signe d'une certaine judiciarisation et d'une "tournure sécuritaire" de la politique (une "politique de la peur?). De la même manière, sa déclaration affirmant la nécessité du procès, car « un procès, c’est faire le deuil », réclame de questionner le caractère inévitablement complexe, parfois quasi aporétique, qui entoure la question de l’intentionnalité associée à celle de "l'ordre social" (et de ce qui confère au jugement non pas sa légalité, mais sa "valeur"). Question croisée par des points de vue divergents, et souvent incompatibles avec la position en principe impartiale du juge… Question entre mauvaise foi, intérêts, et inconscience. Entre cristallisation et dissolution de la subjectivité.

b. La prise en charge de la vie crée de nouveaux délits par l’instance étatique

- Du fou au malade mental : créer prisons, hôpitaux, professions (psychiatres/ psychologues/ psychanalystes, etc.)

- Velléités de Sarkozy pour réformer le droit de la psychiatrie.

- Droit à la santé croisé avec d’autres intérêts, parfois flous (économique à sécurité sociale par ex.) et conduisent à la définition de nouveaux délits à interdiction de fumer, d’alcool pour les mineurs et plus généralement nouvelle législation pour la consommation d’alcool.

- Implication des Ministères (de la santé par exemple pour l’alcool et la cigarette) : droit à la santé.

- Ministère de l’intégration et de l’identité nationale à gestion de l’immigration clandestine.

c. Nombre de délits sont progressivement institutionnalisés pour faire l’objet d’un droit et sont le fait de « la rue »

Il faut essayer de d’analyser cette prise en charge de la vie pas seulement dans un rapport entre l’Etat et les « citoyens ». Notamment sur la question du droit à l’avortement, il est à mon avis difficile de dire que c’est seulement l’Etat qui prendrait en charge cette question. Dit autrement, dans quelles mesures l’institutionnalisation du droit à l’avortement répond à une demande sociale post-68 (féminisme) qui vient est ensuite captée par les institutions étatiques.

2. Typologie des peines : la violence est utile à la conservation de l’Etat

a. Le principe d’obligation, entre créancier et débiteur, à la source du droit

Nietzsche, Généalogie de la morale, Deuxième dissertation :

- La douleur :

o Un moyen mnémotechnique : comme la première fonction de la culture est de substituer à l’oubli (fonction vitale pour l’homme) la mémoire, afin que l’homme puisse promettre et devenir responsable, c’est-à-dire répondre de son avenir. La trace conserve ainsi sa fonction de dressage (elle est ainsi « moins souvenir du passé que prédictibilité de l’avenir »).

o Extérieurement, faire souffrir ou voir souffrir est un stimulant vital, une affirmation de la vie. Intérieurement, la douleur devient réactive : on en conclut à la faute de quelqu’un, puis, progressivement, à sa propre faute.

- La cruauté :

o Elle est d’abord un principe vital, le corrélat de toute effectuation de puissance. A la douleur, la vie répond par un instinct actif d’inhibition, qui est l’oubli.

o Le second niveau est la cruauté du processus de culture : il s’agit de produire plus de douleur que l’oubli n’est capable d’en inhiber (supplices, sacrifices, mutilations).

o Mais plus la mémoire devient efficace (permettant ainsi au supplice d’être plus tout mais tout aussi efficace), la cruauté ne disparait pas mais se spiritualise. La cruauté retournée contre soi-même est une espèce très subtile et raffinée de cruauté.

- Le châtiment :

o Il faut d’abord distinguer l’origine et le but du châtiment car l’explication par l’utilité n’est qu’a posteriori. Il ya a bien un acte « durable » à travers le temps, mais les significations qui s’y rattachent varient. Celles-ci sont nombreuses (réinsertion, protection de la Cité, purification du criminel…) mais au départ le châtiment est pure cruauté.

o Le châtiment est compensation, il s’intègre au rapport créancier/débiteur. Une dette impayée est une faute, et à l’origine on punissait en « passant sa colère » sur le débiteur ; si un équivalent est possible entre le dommage et la souffrance infligée, c’est bien parce que faire souffrir est un plaisir.

o La cruauté devenant un droit, celui-ci ne peut être élargi à toute la population, et sera alors médiatisé : on pourra « voir châtier » son débiteur, mais non le châtier soi-même. Le châtiment sera délégué à la loi qui fixera l’équivalence compensatoire. C’est la définition de la justice. Plus une société est puissante, plus elle peut se permettre de s’abstenir de châtier.

o Le châtiment pénal n’a donc pas son origine dans le ressentiment ; le sentiment réactif est « la toute dernière conquête de l’esprit de justice ». Il n’y a en effet avant le droit ni justice ni injustice, mais des effectuations personnelles de puissance.

o Le châtiment ne corrige ni ne guérit rien, il endurcit, rend plus prudent, plus circonspect, plus méchant peut-être. Car du point de vue de l’instinct vital, pâtir, c’est pâtir, et toute violence appliquée par une puissance agissante entraîne une puissance de réaction proportionnelle.

o La généalogie de l’hypothèse religieuse est donc celle du retournement de la vie contre elle-même en l’homme. La dette du christianisme devient infinie et crée la fiction d’un débiteur universel, Adam. Compensation : Dieu seul peut racheter l’existence et au lieu d’être un dieu qui châtie, il se sacrifie lui-même pour le débiteur, par amour. C’est-à-dire, la volonté de l’homme de se sentir coupable au point de ne jamais pouvoir être racheté 

- La philosophie politique :

o Dans la tradition hobbesienne, le droit naturel, c’est tout ce que peut l’homme pour préserver son existence. Cela implique donc un état de nature présocial ; or si Nietzsche pense en termes de puissance, de guerre et de distinction entre un état de nature et un état social, il s’éloigne du paradigme hobbesien en ce qu’il ne définit pas la puissance comme un instinct de conservation. La puissance active est puissance de conquête, de création de formes de valeurs. Nietzsche introduit la notion de cruauté comme « droit naturel ». La volonté de puissance, ce n’est donc pas un désir de dominer ou d’obtenir quelque chose, mais de confrontation avec des forces opposées pour sentir sa différence dans la jouissance d’une douleur.

o Hobbes et Rousseau définissent une théorie du contrat à laquelle Nietzsche s’oppose. Le droit est certes la substitution d’un ordre social à la volonté de puissance biologique, mais Nietzsche conserve la hiérarchie des puissances en fonction de leur type. C’est pourquoi Nietzsche ne considère pas le contrat social comme un transfert qualitatif de puissance (abandon consenti du droit naturel au profit du droit civil) mais comme une « mimique de l’état de guerre ». Hobbes et Rousseau ont raison mais d’un point de vue réactif…

o Pour Hegel, l’émergence de toute figure a pour condition la dissolution de l’ancienne, qui pourtant se conserve en tant que sa dissolution a été nécessaire ? L’existence d’autrui est essentielle à l’existence de ma conscience comme conscience de soi. Cette prise de conscience nécessite également une reconnaissance de soi par autrui. Or, selon Nietzsche, seul l’esclave conçoit la puissance comme l’objet d’une reconnaissance, une compétition dont l’enjeu est la conformité à des valeurs établies. La reconnaissance par autrui n’est pas affaire de maître, et Nietzsche revendique une différence vitale, positive, et non un concept abstrait de contradiction.

- La notion d’obligation suppose (déjà) un sentiment de devoir, i.e. la conscience d’une discipline que l’on fait intérioriser à des « sujets » de droit. Les droits supposent des obligations envers la société, envers l’Etat : le contrat est la motivation de celui qui fait la peine.

b. Les mesures disciplinaires et le traitement des individualités

- Une question de sélection, de dressage, de marquage des corps (cf. Nietzsche, Foucault). Conditions des détentions/ La médication dans les hôpitaux (traiter le « malade »)… et les processus de « réinsertion » ou abandon des condamnés, une fois leur libération.

- Surveillance (cf. Article d’Arthur) et fichages…

c. L’utilisation d’une norme pour gérer des collectivités

- La Loi… comme notion croisant à la fois la dimension normative, les interdits, et les violences qui se dressent contre les « passions » et les « pulsions ».

- L’éducation

- La classification. Cf. Gérard Noiriel dans son introduction aux Ouvriers dans la société française. L’Etat, en France, comme centralisation, ou totalisation, du pouvoir crée des classes, des groupes, englobe, afin d’identifier une masse confuse, à une identité commune, individualiser, et rendre docile. (salariés, patrons, syndiqués, etc.)

- La spatialisation ségrégation socio-spatiale avec les gated communities, entre autres. Stigmatisations de l’individu à ses quartiers, etc.

- Des dispositifs (qui procèdent par « sacralisation » cf. Foucault et Agamben).

3. La souveraineté et la violence décisionnelle

a. Les caractéristiques de la souveraineté : langue, territoire, histoire…

- Rendre l’homme prévisible tend à la constitution de « territoires existentiels » procédant par des syntaxes signifiantes, des structures (langue par exemple), territoires ou visages (Deleuze Guattari).

- La notion d’histoire, ou d’historicité. à Par exemple, la violence du symbole (qu’est-ce qu’une commémoration (la fonction de la mémoire dans l’imaginaire collectif, et le rassemblement des masses) ?, une image comme Marianne, Jeanne d’Arc dans la bouche d’un Sarkozy ou d’un Le Pen. La place du mythe est emblématique (rassembler par une histoire qui remonte à un passé immémorial et qui excite la fierté nationale). L’appel à l’identité, au sentiment, pour légitimer l’adhésion à telle autorité.

b. La place de l’Etat vis-à-vis de la politique

- L’exemple de son rôle dans la signification de l’espace qu’est « la rue ». Face à l’instabilité d’une rue qui a été le terrain de révolutions au XIXème siècle, l’Etat a progressivement politisé cet espace (tout d’abord la question du Suffrage Universel qui a permis de rendre illégitime les insurrections visant à renverser le système : « La République absolue »… lors de la Troisième République. Puis, politisation…etc. (Cette stratégie n’empêcha cependant pas les manifestations et les crises qui aboutissent aux crises du 6 février 1934, mai 1958, et mai 1968). Cf. Danielle Tartakowsky, Le pouvoir est dans la rue.

c. Le rapport entre la loi, le droit et la justice

15 novembre 2008

point de départ?

Bonjour à tous,

Tout d’abord, un brin de poésie, écrit dans un état second le lendemain de la première réunion. Ce texte étant écrit et ne m’appartenant pas, j’ai décidé de le mettre ici. Il ne fait que décrire un sentiment, un état d’esprit, un enthousiasme relatif à tout effort de création collectif. Je ne pense pas que cela parle à grand monde, mais bon, ce texte vous appartiens plus qu’à moi, donc je rends à césar :

-« Quelque chose s’est produit, et nous y étions. Un évènement à eu lieu, et nous sommes responsable de sa signification. Nous sommes responsables de son avenir, de son devenir. Cet évènement ne fut rien d’autre qu’une rencontre. Ou plutôt une réunion. Réunion, agencement ponctuelle de plusieurs réalités, de plusieurs vies, de plusieurs histoires, de plusieurs façon d’être humain dans le langage. Ce qui s’est produit, c’est la question d’une possibilité, celle de donner corps et existence effective à un projet. Quel est-il ? Telle est la question. Le projet reste à définir. Ce qui nous unis, c’est le désir d’une réalité qui se cherche, qui s’attend. Ce qui nous unit est un certain espoir de l’inattendu, de l’idée qui nous a déjà réunis mais qui se cherche à travers nous, sans que nous arrivions à la formuler concrètement, avec les mots qu’il faudrait. Ces mots qui dessineraient comme l’horizon de notre engagement, la raison de notre présence ce soir là. Cette raison, cet objectif que nous cherchons, sans le comprendre. Cette action concrète que nous cherchons à travers les autres. Puisque tout ce que je peux dire n’aura de valeur que par le jugement des autres. Dès lors je viens, je participe de cet élan obscure, j’interviens dans l’inconnu pour affirmer mon existence à moi-même. Ma vie devient importante si elle l’est pour vous, je reconnais l’importance de mes pensées à travers la pertinence que j’y trouve chez vous. Ma raison d’être venu, au fond, dépendra de la façon dont j’aurais été séduit, dont j’aurais été convaincu, au moment où je me sentirais impliqué, ce moment ultime où j’aurais comme saisi le message, la raison d’être là, le but, le sens de ce combat qui commença par l’affinité, par la fraternité. Ce combat secret que nous menons jusqu'à trouver des complices. Ceux qui seraient prêt à se battre pour la même raison, pour la même absurdité. Ceux qui se laisse traversé par l’absurdité de leur existence et qui essai vaillamment de s’en débattre. C’est un projet absent qui nous a réunis, c’est un manque, bref un désir de réalité. Nous nous situons exactement là où il y a quelque chose à dire. Qui osera en parler. Qui osera partager son ignorance ? Construire sa vérité sur le simple avis des autres. Qui osera prendre au sérieux la folie existentielle qui se propose à nous. Etant jeune, nous avons le devoir de croire. Mais aussi la liberté de choisir en quoi croire. La malédiction humaine vient du doute. Au fond, nous ne savons jamais où nous allons, et c’est justement pour ça que nous y allons. Parce qu’il s’agit d’ailleurs, parce qu’il s’agit d’être auteur du contexte, du désir dans lequel nous souhaitons être trouvé, être reçu. L’écosophie c’est un mot qui cherchait à dire « nous ». Un mot qui nous rassure d’être ensemble, comme si cela voulait signifier quelque chose. Cette erreur, cette illusion, que nous avons été l’espace d’un instant.  Ce à quoi nous avons fait semblant de croire. Et nous aurions fait semblant de croire, parce que nous étions septique. Notre scepticisme nous à pousser à croire. Au fond nous avons cru en l’autre, nous avons cru qu’il pouvait arriver quelque chose.

Au fond nous espérons la présence de l’autre. » 

Voilà pour le coté poétique et existentiel des choses. A présent que nous croyons en l’autre, en la vie, que nous sommes submergés d’espoir et d’enthousiasme, que nous avons entre-aperçu la pleine puissance de la vie, nous pouvons aborder les choses plus sérieusement.

Alors, la phénoménologie transcendantale de l’immanence geopolitico-infra-rationnel, qui s’épand ontico-ontologiquement dans les machines para-matricielle délirantes et schizo-paranoïdes s’auto-subjectivisent allègrement. Jusqu’ici tout est clair, alors je poursuis.

Non je déconne.

Bref, l’objet de mon intervention concerne en réalité cet espace de dialogue qui tente de voir le jour. En effet, chacun menant sa vie, je trouve qu’il est important d’avoir un objectif concret, car je ne sais comment les êtres humains ont construit leur monde exactement, mais le temps semble souvent nous manqués. A moins que ce soit la motivation ?!

A priori, nous avons ici un espace culturel, qui aimerait se voir ériger en contre-pouvoir. Terme en soi ambigu si l’on n’est pas familier avec la philosophie de Michel Foucault, et le terme qui nous préoccupe aussi, à savoir celui de processus de subjectivation, provient également de ce philosophe. Mais je laisse cela de coté pour l’instant. Ce sera l’objet d’un autre texte, à caractère plus philosophique que celui-ci. Bref, il y a des questions concrètes qui me semblent inévitables dans cet espace. Questions sur lesquelles il ne faut pas s’attarder trop longtemps, sous peine que rien ne se fasse jamais, mais que l’on ne peut éviter non plus, sous peine qu’il émerge tout et n’importe quoi.

Qu’est-ce que l’écosophie ? Cela je le demande à celui qui à crée ce mot. A priori, il s’agirait d’un concept, donc d’un outil intellectuel nous permettant de discerner un certain aspect de la réalité humaine. Or, pour employer un concept, il est nécessaire que celui-ci soit définit clairement, et ce, même si cette définition doit évoluer, jusqu’à atteindre son degré de pertinence maximal. Donc, quel est précisément son objet et sa portée ?

A coté de ce terme, il y avait aussi, voir surtout le thématique de l’interdisciplinarité, dont ce concept d’écosophie, n’est peut être que l’excuse. Il y a aussi l’idée qu’il existe un terrain commun à nous tous, et par extension, à tout individu humain. Terrain qui se trouve être obscurcit, éclaté, dilapidé, morcelé dans la spécialisation croissante des champs d’activité humaine. L’historien ne comprend pas vraiment le philosophe, le trader ne comprend pas l’ouvrier et réciproquement, les artistes ne sont compris par personne, et même entre eux mais ça c’est normal, ce sont des artistes quand même, même les physiciens et les mathématiciens ne se comprennent pas, sans oublier que personne ne comprend au fond, les politiques, bref, c’est la tour de Babel au niveau des disciplines humaines, qui s’éloigne les unes des autres de plus en plus vite, concrétisant chacune de leur coté leur univers particulier. Bien sur, ce que je viens de dire est très grossier, heureusement le dialogue entre les disciplines existes, mais sur quel terrain exactement ? Notons au passage, que lors de la réunion, le débat manquant d’objet concret ne s’est pas vraiment établit, mais aussi à cause des univers différents d’où nous provenons, et que nous ne partageons pas les mêmes références, pas les mêmes perspectives. Le problème profond étant celui des différentes perspectives avec lesquelles une réalité peut être abordée. C’est pourquoi un objet clair et concret est indispensable pour prendre la pleine mesure de ces différentes perspectives. Bref, il nous faut un horizon, un thème qui fasse converger nos perspectives respectives. Horizon qui s’appel pour l’instant écosophie, mais dont aucune esthétique n’est véritablement visible.

Pourtant, cet horizon est si évident, que l’on n’y fait plus attention. C’est pourquoi j’essai de rendre les choses plus visibles, en faisant ressortir les non-dits, les évidences, les choses implicites qui conditionnent le discours, mais qu’il faut clarifier à tout prix, si l’on veut que tous puissent réagir.

Notre terrain commun, l’horizon de notre collectif ne peut être que politique. Notre langage commun ne peut avoir comme sujet que la politique. Et, je crois qu’il est ainsi de tous les hommes. Le problème étant celui des perspectives, et de l’absence, aujourd’hui plus que jamais, de critère d’objectivité, qui puisse en réduire certaines à d’autres, bref, chose dont je parlerais plus tard. Mais la politique est l’affaire de tous, et la seule chose sur laquelle nous pouvons faire converger notre manière d’aborder les choses. Car il n’y a pas d’affaire plus urgente. Or, agir en politique ne peut être autre chose que de constituer une forme de pouvoir. C’est-à-dire un certain type de discours qui se puisse être compris par d’autres, et assumés par eux. A notre niveau, ce pouvoir ne peut être que culturel. Car il est pour l’instant exclue de parler d’action concrète, étant donné le caractère embryonnaire et donc fragile de notre collectif.

Il s’agit donc, de développer un concept, qui traduise une perspective nouvelle, celle résultant de la convergence de nos différentes disciplines très hétéroclites ; et en effet, plus y aura d’horizon lointain et divergent, et plus le concept acquerra de pertinence. C’est pourquoi cet espace me semble intéressant. Son sujet étant l’affaire de tous, le niveau politique, ce souci des autres et de l’avenir, et sa matière étant la culture, donc création de texte, de film, d’événement, style visionnage de film suivit de débat, (ce qui à été proposé, et qui est une bonne chose, offrant un objet concret au débat, et permettant de faire voir concrètement, les différentes perspectives de chacun) etc. sachant que l’urgence étant de déterminer l’horizon.

Donc, pour me résumé, j’invite tout le monde à définir leur préoccupations politiques, mais cela sur un point essentiel, et non pas auxiliaire. En gros, j’invite tout le monde à faire parler le philosophe qui est en vous, et à tenter d’exprimer, quel est, selon vous, le problème majeur et fondamental de la politique. C’est en creusant dans le fondamentale, que l’on trouvera des axes de convergences entre nous. Sinon, tous parle de petit sujet, de détail, à droite et à gauche et l’on ne sait plus comment, ni même pourquoi au fond, réagir.

Re-donc, quel est selon vous, Le problème, THE problème of the politique ? Pour qu’il est y est débat, et espace de dialogue, il faut que nous gravitions tous autour du même problème. La politique désignant, selon moi, le souci de l’existence humaine. Souci, qui, me semble-t-il nous concerne tous.

Voilà. Merci pour ceux qui ont eu la patience et la curiosité de me lire. Et je m’excuse d’avoir été aussi long. Mais faut laisser à la penser le temps de s’exprimer. Puis faut s’y mettre aussi, tas de feignasse !

Aller, ciao

Amaury

   

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15 novembre 2008

1000 caméras pour Paris

Dans un communiqué de presse daté du 22 Avril 2008, l’ONU estimait que 2008 serait l’année où pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, plus de 50% de la population mondiale résiderait dans des villes.
D’un point de vue quasi médical, géographes et sociologues définissent la ville comme « un groupement de populations agglomérées caractérisé par un effectif de population et par une forme d'organisation économique et sociale ».
Nous, citoyens des villes, nous savons bien qu’il en est tout autrement, ou que du moins nous ne pouvons nous retrouver pleinement dans ce genre de conclusion froide. Et pourtant…
Et pourtant, sans cesse notre habitacle est disséqué, étudié, analysé par des groupements et des regroupements, des organismes et des organisations plus ou moins autonomes, plus ou moins pertinents et il ne peut sortir de notre esprit, qu’a l’image de n’importe quel animal, les Hommes se définissent en grande partie par leurs territoires et que de fait, nous sommes les sujets de ses études chirurgicales. Nous ne pouvons oublier non plus que ses études sont, pour beaucoup d’entre elles, les pièces maîtresses et les socles solides des réflexions, notamment politiques, et de leurs adaptations physiques après « lecture et analyse ».
Trop souvent, malheureusement, et pour ne pas dire systématiquement, il émane de ses études l’odeur nauséabonde du marketing, de l’espace marchant, propre il est vrai a n’importe quelle écologie (puisque la ville en est une a elle toute seule) mais qui aujourd’hui touche d’un et d’un seul revers de main la moitié de la population mondiale. La ville nous définit de la même façon que nous définissons la ville, mais nous en sommes les enfants non reconnu, illégitimes ou traité comme tel. « Tu veux les avantages du quartier? T’auras les inconvénients! Ta cité c’est pas ta mère mais si tu crèves elle aura d’autres enfants!*»
En effet, puisqu’il n’est pas à remettre en question le fait que nous nous définissions en grande partie par notre territoire alors la ville est l’une de nos composantes principales. Mais la ville considère ses habitants comme pluriels, il n’est pas question de traiter une masse en prenant soin des entités particulière ou individuelle qui la compose (en parti pour des raisons d’organisation évidente). Pour la ville nous sommes tous interchangeables au seins de nos castes: un étudiant en vaut un autre, un chômeur en vaut un autre etc...et pourtant il existe autant de sensibilités (urbaines pour le coup) que d’habitants, et encore plus d’ambiances et de situations probables et possibles. L’écologie urbaine est truquée, biaisée. Un système mis en place mais sans cesse lifté et remodelé dans des opérations à sens unique. On reprend pour ne plus jamais restituer. On délimite des frontières physiques alors qu’il faudrait au contraire laissé libre les flux et les échanges.
Parce que nous y avons grandi, parce que nous y avons joué, parce que nous l’avons arpenté, parce que nous aimons ses recoins, parce que l’heure qu’il est ne nous importe pas toujours, parce que nous estimons qu’elle nous est redevable autant que nous lui sommes, parce que la plupart de nos activités ne sont pas quantifiables avec les barèmes établis, parce que nous voulons rendre a la vie urbaine ce qui lui revient de droit: poésie, lyrisme, liberté, art, oisiveté et occupations obsolètes, actes gratuits et inutiles, mais aussi violence, agressions, zone de non-droit, coupe gorge et émeutes, entre autres...
Ici il ne s’agit pas de ressortir un réchauffé de ce qu’aurait pu affirmer les acteurs situationnistes des années 60. Il ne s’agit pas non plus de reprendre à notre compte des revendications soixante-huitardes, mais d’établir un constat flagrant: Mon avis qu’il faut être bien aveugle pour ne pas réagir lorsque, par exemple, la mairie de Paris entreprend d’ici à fin 2009 le positionnement de 900 caméras de surveillance qui viendront s’ajouter aux 330 déjà existantes portant le nombre total à plus de 1200 caméras positionnées à « des points stratégiques de la ville » alors qu’en avril 1968, un tract anonyme était distribué dans les rues de Bordeaux et affichait « Ne dites plus urbanisme mais dites police préventive »…
Mais je reviendrais sur ces « points stratégiques de la ville », le JDD en citait quelques-uns le 16 Octobre dernier et mérite que l’on s’y attarde : « Le nombre de caméras sera accru dans les secteurs à risque. Au Champs-de-Mars, par exemple, où, en juin dernier, des groupes organisés avaient agressé les lycéens venus comme chaque année fêter la fin du bac. Le dispositif se concentrera également sur les gares et notamment la Gare du nord, lieu d'affrontements entre bandes rivales en mars 2007. Enfin, le maillage vidéo sera plus dense dans le XVIIIe et le XIXe arrondissement, qui comptent de forts taux de délinquance et de nombreux incidents entre communautés, comme lors de l'agression du jeune Rudy. »
Sans aucun doute qu’il existe d’autres exemples tout aussi flagrant quant a l’installation de caméras en réponse a des faits-divers. L’espace sécuritaire et la mentalité répressive ou dissuasive prime sur toute logique de bon sens ou de réflexions politique. Non content d’avoir réussi à créer des espaces ghettos, des endroits clos, la mensongère écologie urbaine va maintenant filmer ses habitants 24/24 pour les faits-divers dont elle est, en plus, la seule responsable…

Heureusement que nous avons notre bon vieux (74 ans) George Sarre, adjoint au maire de Paris et en charge de la prévention et de la sécurité pour nous rassurer en affirmant que le dispositif sera mis en place dans le « plus strict respect des libertés individuelles » arguant comme garantie que le système sera « automatiquement paramétré » et qu’en cas de défaillance, les bandes (qui seront normalement conservées un mois!) seront « immédiatement détruites ». Nous voilà soulagé!
La police municipale sera seule à pouvoir utiliser ce dispositif mais sous l’œil vigilant de la CNIL à qui, nous citoyens/acteurs devons-nous remettre pleinement, CNIL présidée par Alex TÜRK depuis 2004, ancien membre du RPR et ancien professeur aux universités catholiques de Lille entre autres, c’est dire… Ne pas oublier non plus que le dispositif de surveillance sera mis en place (pour ce qui est en tout cas des caméras a proprement parlé) par des entreprises privées.
Et plus encore, si seulement nous n’étions pas pris pour des abrutis, ce que s’est empressé de faire notre ministre de l’intérieur Michèle Alliot-Marie qui entend faire du XIXe arrondissement de Paris le laboratoire de ce plan nommé « 1000 caméras pour Paris » et d’affirmer a ce titre qu’il existe une grande différence entre vidéosurveillance et vidéo-protection. Car la vidéo-protection suppose que les caméras soient implantées « là ou vivent les gens pour s’assurer qu’il ne leur arrive rien » bien différent de la vidéosurveillance qui sert a « l’ordre public et a la circulation » !
En attendant les premiers dérapages de ce dispositif sécuritaire étouffant, en attendant les premiers constats d’échec qui en ressortiront nécessairement (et je suis certain que nous pouvons d’ors et déjà anticiper une hausse de la violence adaptée a ce dispositif et donc plus sournoise, plus violente ou plus grave) je sortirais masqué.

Arthur.

9 novembre 2008

Thème : la question environnementale est une question sociale

La production et la distribution énergétique s’effectue aujourd’hui de manière centralisée et pyramidale. Les abonnés, à l’eau courante ou à l’électricité et au gaz « de France », par exemple, n’ont rien d’autre à faire que de se connecter au réseau et, périodiquement, payer leur facture. On pourrait pourtant mettre en avant une autre approche : la possibilité, pour les usagers, de créer leur propre énergie et de la partager sur leurs propres réseaux. Les cinq énergies dites « renouvelables » doivent ainsi être étudiées, non seulement comme des substitutions à la houille, au charbon ou au pétrole, mais également au sein d’une « matrice multimodale », c’est-à-dire que ces énergies peuvent être agencées entre elles. Elles supposent ainsi de prendre en compte les données concrètes de l’environnement, par exemple l’orientation des bâtiments par rapport au soleil, la biothermie, les sources hydrauliques etc. Ces petits réseaux pourraient, d’une part au niveau environnemental, permettre une autorégulation des dépenses d’énergie sans commune mesure avec la réglementation des centrales actuelles ; d’autre part, au niveau social, cette substitution est l’occasion de créer de nouveaux groupe-sujets relativement indépendants vis-à-vis de l’appareil d’Etat, des communautés de création et de partage de l’énergie en somme.

Les biocarburants et les biodiesels apparaissent aujourd’hui comme les modèles les plus pertinents. Mais le rendement énergétique du bioéthanol, par exemple, est encore trop défavorable au niveau de la consommation d’eau, d’engrais et de pesticides. Les piles à combustible ou l’hydrogène sont également des vecteurs à fort potentiel. Il faut ainsi étudier le développement de tels dispositifs à travers deux approches au moins : les capacités techniques qui sont les nôtres, et l’avancement scientifique dans ces domaines d’une part ; d’autre part, le statut de contre-pouvoir que ces dispositifs peuvent incarner vis-à-vis toute industrie énergétique dominante, l’industrie pétrolière notamment.

Camille

9 novembre 2008

Thème: Neurosciences, génétique, et dispositifs.

"Les Tables de la Loi sont inscrites dans l'ADN et les chromosomes". (Jean-Pierre Changeux, L'homme neuronal).


Le développement des connaissances sur le cerveau et ses réactions physico-chimiques, ses multiples connexions neuronales, sa cartographie et ses mécanismes, sur les fonctions de la génétique (et de l'épigénétique)... bref, la compréhension de "l'homme neuronal", de "l'homme hormonal" et de ses déterminations biologiques, implique une problématique générale, presque obsédante lorsque s'ouvre le débat bioéthique, et une critique sur l'idéologie des sciences: Que faire du sujet lorsque l'exigence est l'objectivité et la rationalité? (Le sujet semble échapper, ou du moins tendre vers une indétermination...). L'idéal ou le spectre de "l'homme machine" de La Mettrie, la connaissance des mécanismes comportementaux, se confrontent à une responsabilité, à une appropriation de soi, à une approche de la subjectivité. Jusqu'où pousser la recherche sur l'organisme? Et quand pouvons-nous séparer ce qui est de l'ordre du traitement médical (dépistage de maladies de cause génétique, ou moléculaire (anémie falciforme par exemple), thérapies géniques etc.) de l'excès? Car la recherche correspondant à une raison théorique et pratique (usage thérapeutique) subit des inflexions, des vulgarisations, et des utilisations dans un cadre qui n'est plus seulement le lieu exclusif du laboratoire: Elle entre dans une circulation de flux... celle d'un dispositif révélateur d'une idéologie qui "objective", "chosifie"... Dispositif défini par M.Foucault comme
"Un ensemble résolument hétérogène, comportant des discours, des institutions, des aménagements architecturaux, des décisions réglementaires, des propositions philosophiques, morales, philanthropiques, bref: du dit, aussi bien que du non-dit. Le dispositif lui-même, c'est le réseau qu'on peut établir entre ces éléments."
"L'objectivation", ou "biologisation", "suture" le sujet (Le terme de suture signifie que le sujet qui traite objectivement un problème s'objective du même pas (chaque fois provisoirement)).Elle contamine le discours extérieur au champ de la recherche (Ignorant maintenant pourquoi ils vivent, les hommes sont prêts à croire que leurs gènes les programment, le public non informé va considérer que la suture du sujet fait partie du résultat. De sorte que les effets de l'idéologie de la science sont plus impressionnants pour les non-scientifiques que pour les chercheurs)... et va parfois jusqu'à la caricature (nouvelles formes de phrénologie, déclarations tapageuses comme celle de Nicolas Sarkozy face à Michel Onfray, sur le gène pédophile ou du suicide, sur l'innéisme, etc.).
Ce discours croise des institutions (et leurs pratiques, comme l'utilisation des facteurs génétiques et neurophysiologiques dans la criminologie, la psychiatrie et sa médication pour traiter névroses et psychoses en tout genre), s'incarne dans des lieux (prisons, hôpitaux, etc.), débouche sur une juridiction (Article 16 du Code Civil; nouvelles peines contre les personnes, y compris celles jugées "irresponsables") et des pratiques parfois répressives, identifiant le corps objectivé à un patrimoine, puis recensant, fichant, localisant (Biométrie, dérives du traçage génétique comme les tests ADN, par exemple).
Bref, l'idéologie diffusée par les dispositifs de pouvoir "rêve d'un corps autiste sans parole, d'un temps où "on" ne contredirait plus, où "on" mesure. L'existence d'un sujet contredirait l'enchaînement autarcique des causes et des effets, relancé par un infini feed-back et depuis toujours écrit dans les gènes". (Gérard Pommier, Comment les neurosciences démontrent la psychanalyse).
Elle prolonge ainsi le rêve du Golem de la légende hébraïque (où un homme réussit à animer une statue de boue).

La question passe donc par la compréhension de la capture des connaissances et des cartographies scientifiques par des dispositifs, des circulations de pouvoir qui, par la volonté d'objectiver (suturer) la subjectivité, identifient et constituent des rapports à soi et au "corps propre".

Mathieu.


7 novembre 2008

La question du fil

A l'appel de nombreuses personnes présentes la semaine dernière, et des quelques autres, instigatrices du projet, il apparait intéressant de mener dans le cadre du réseau de travail une réflexion continue sur la logique même de notre réunion. A travers des questions qui ont été soulevées, comme le "qui-sommes nous? Quels objectifs visons-nous? Comment créer le support à notre travail?", le problème peut être celui de la politique interne du groupe.

Ayant pour le moment un degré d' "organisation" relativement faible, nous pouvons proposer une réflexion autour de la réception du projet initial. Notre optique (Camille et Jr) était d'essayer de réunir des personnes venant de disciplines universitaires variées, et l'invitation a été formulée à des personnes nous environnant (fac, boulot, amis). La difficulté qui s'est imposée rapidement a été double : notre place au sein du groupe (l'envie étant de générer une dynamique sans en devenir les moteurs permanents) et d'autre part le choix d'un sujet suffisament large pour permettre le croisement de différents niveaux d'analyse.

Qu'il s'agisse des problèmes soulevés vendredi dernier, comme de ceux que nous avions à la base, ce qui transparait à une échelle micro, semble être celle du politique. Le politique comme formalisation de liens, délimitation face à l'extétieur, et distribution des rôles au niveau interne. En d'autres termes, à partir de l'expérience concrète que nous connaissons, se posent des questions comme celle de la régulation, des règles à établir, tensions entre un respect des individualités (chacun est libre de s'exprimer, de proposer des idées, et des stratégies d'organisation) et la nécessité d'établir le support rendant possible un travail commun : cette analyse critique de notre politique peut ainsi être le fait d'une cellule à part entière.

7 novembre 2008

Thème : Violence et politique

Dans le cadre de l'IHEAL, nous nous proposons de diffuser trois films autour du thème proposé, et plus précisément sur les modes de résistance extra-institutionnels au développement capitaliste actuel. Nous comptons, dans ce cadre, confronter des films ancrés dans des aires géographiques particulières : La Haine, dont l'action se situe en France ; Natural Born Killers, aux Etats-Unis ; El Cobrador, en Amérique Latine. Nous pourrons ainsi jauger les spécificités géo-historiques du capitalisme et des résistances qu'on lui oppose.

Pour enrichir le débat, nous rédigerons une série d'articles à caractère informatif et polémique, mêlant approches historique, politique et philosophique autour de la question.

Camille HG, Jr et Camille

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